ARTISTES


Marie-Jeanne HOFFNER

Repères artistiques

Marie-Jeanne Hoffner déploie un parcours artistique singulier qui interroge l'architecture comme "espacement" entre perception et représentation. L'architecture se donne comme un seuil entre différents registres d'appréhension de l'espace. Marie-Jeanne Hoffner met en œuvre des "situations" architecturales qui opèrent un déplacement infra-mince des lignes de perception de l'espace à travers des dispositifs de pli et de dépli, de découpe et d'inversion.

Une nouvelle phénoménalité de l'espace y transparaît, où l'architecture se donne à lire en creux, à travers les linéaments d'une représentation simulée. Les systèmes de représentation (perspective, axonométrie, projection, etc.) sont devenus des instruments d'exploration de l'architecture qui se feuillette en de multiples strates perceptives et mémorielles. Intérieur et extérieur s'entremêlent dans des espaces perméables.

Extrait du texte Plis et déplis d'architecture de Marie-Ange Brayer, pour le catalogue PLANS, ed. Roven, 2010

Marie-Jeanne Hoffner, née en 1974, vit et travaille à Paris et Châteauroux, enseigne à l'Ecole nationale supérieure d'art de Limoges. Ces dernières années, elle a présenté les expositions personnelles suivantes : Déplis, trames et grilles à la galerie Dohyang Lee, Paris 2012, au Château de Monbazillac dans le cadre du programme Résidence de l’art en Dordogne, 2010-11, After the Gold Rush (en collaboration avec l'artiste S. Garrett) au Conical art space, Melbourne et Gold Rush à l'Espace d'Art Contemporain, La Rochelle, 2009. Elle a par ailleurs participé à l'exposition collective Plutôt que rien : formation(s) à la Maison populaire de Montreuil, 2011.

Son travail est visible sur son site personnel : www.mariejeannehoffner.org. Marie-Jeanne Hoffner est représentée par la galerie Dohyanglee, Paris et par la galerie PayneShurvell, Londres.


Jason KARAÏNDROS    

Repères artistiques                                   

Représentation, perception ; deux mots qui s'imposent pour qui veut cerner le travail de Jason Karaïndros. Perception car il s'agit pour l'artiste d'exploiter la faculté de percevoir par les sens et par l'esprit. Représentation car il sait que nous avons besoin - pour de bonnes et de moins bonnes raisons - d'images, de symboles, de signes qui représentent une chose ou une idée.

A partir de ce constat, Jason Karaïndros tente dans son œuvre de capter et de déployer le sensible, le sien comme celui qu'il souhaite faire éclore chez le spectateur. La notion est ici prise au sens physique et psychologique : une propriété des êtres vivants d'éprouver des sensations, d'être informés par des récepteurs et de réagir.

L'objectif est double : révéler l'essentiel de ce qui nous entoure, parfois de manière impalpable, pour mieux se situer. Jason Karaïndros propose avec finesse des dispositifs d'apparence légère, voire fragile, qu'il faut décortiquer pour comprendre. Il utilise une palette large "d'ingrédients" allant de la lumière à l'ombre, de l'image au parfum, du silence à l'environnement sonore. Entre perception et représentation toujours, il recours tantôt à la vidéo, médium largement exploré, tantôt à l'installation, la photographie, la sculpture... Ses choix sont fonction de ce qu'il souhaite dévoiler au-delà de la présence de l'œuvre, de ce qui la constitue.

L'enjeu est ainsi de nous remettre en présence de questions fondamentales, qui touchent le champ social, politique, que l'on ne souhaite parfois pas regarder. Jason Karaïndros le fait avec poésie, en évitant une frontalité stérile, en mêlant simplicité et précision. Car ses images, au-delà du visible, font appel à des émotions et des réflexions que l'on porte sans s'en rendre compte. Rechercher du sens, s'interroger sur les premiers principes, les fins de l'existence, les œuvres de Jason Karaïndros nous y aident avec humilité. Elles ont cette capacité à nous mettre en demande, à nous donner acuité et imagination.

Jason Karaïndros est né à Athènes en 1963, il vit et travaille à Paris. Il enseigne à l'Ecole supérieure d'art et de design Rouen-Le Havre. Il a présenté l'exposition personnelle Rideau! à la Maréchalerie - centre d'art de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles (2007) et a participé récemment aux expositions collectives Habiter la terre - Biennale internationale d'art contemporain de Melle (2011), Le beau est toujours bizarre au FRAC Haute-Normandie à Sotteville-les-Rouen  (2011), Mobile immobile au Musée de Picardie à Amiens (2012).

Une partie de ses œuvres vidéos est consultable sur le site : http://vimeo.com/user4798706


Cécile LE TALEC

Repères artistiques

La recherche que mène Cécile le Talec sur les formes de communication non verbales, les langues dites sifflées, bourdonnées, les instruments vivants, est une préoccupation continue depuis plus de dix ans maintenant. Débuté comme souvent au hasard d'une rencontre, ce projet gigogne et vertigineux au sein duquel s'emboîtent expositions, concerts/performances, éditions, l'a mené tour à tour à la source de ceux qui les pratiquent. Iles Canaries, Mexique, Chine, République Tuva en Sibérie russe, Cécile le Talec y a multiplié les rencontres et les collaborations avec des spécialistes : ethnomusicologues, compositeurs, musiciens, acousticiens...

La liste est longue des bras de ce delta artistique dessiné peu à peu. Et si chacun a sa source réelle (des locuteurs, des usages, des chercheurs, un désir de transmission), celle-ci est également la marque d'un souci particulier de perception de cette réalité. Cécile le Talec est allée brasser cette matière, parfois enfouie, parfois florissante, en gardant à l'esprit son souhait de tenter de croiser l'imaginaire entretenu de ces pratiques.

A considérer cette démarche du temps long et à une vaste échelle, on se rend compte que ce projet générique dessine un double triangle, à l'intérieur duquel se multiplient les interactions, entre écriture <> langue <> musique d'une part, transcription <> transmission <> communication d'autre part. Où comment faire se rapprocher de manière improbable des langues qui pour certaines ne s'écrivent pas, ni musicalement ni à l'aide d'une écriture conventionnelle. C'est par son approche plastique, qui donne forme à des supports immatériels, que Cécile le Talec concrétise cette possibilité de conjonction. Plasticienne qui revendique ce seul territoire, elle en explore la dimension sonore et crée une composition subjective à partir de ces adresses éphémères, renouvelées et poursuivies par la nécessité de l'usage.

Cécile Le Talec est née en 1962 et vit près de Vierzon en région Centre. Elle enseigne l'Ecole supérieure d'art et de design de Reims. Sa recherche sur les formes de communication non-verbales a fait l'objet de plusieurs expositions en France et à l'étranger : Feedback au Musée de l'Objet - collection d'art contemporain Blois en 2008, Archipel-studio au Centre d’art V.Hugo à Ploufragan en 2009, Sonorama au Musée du Grand Curtius à Liège en 2010. Sa dernière exposition personnelle, Speakers, a été présentée au Château de Saint-Ouen en 2012. 

Elle est représentée par la School Gallery, Paris : www.schoolgallery.fr/


Stéphanie NAVA

Repères artistiques

Pour définir le travail de Stéphanie Nava, on retiendra certainement les notions de relations, d'échanges, dans un monde où les données personnelles, professionnelles, individuelles et collectives s'entrechoquent désormais en permanence. Stéphanie Nava s'essaie à observer les échanges entre les individus, les corps au sein des lieux et des espaces qu'ils occupent. Ici la ville tient une place prépondérante, car elle concentre les possibilités de croisement, les forces en jeux. Stéphanie Nava s'intéresse au fonctionnement de ces interactions, ce qu'elles veulent dire, ce qu'elles cachent, ce qu'elles révèlent de ces réalités quotidiennes.

Sa pratique de travail, où le dessin a un rôle déterminant, fait jouer des médiums différents, souvent mélangés : l'installation, la photographie, la sculpture, etc. En relation à l'attention qu'elle porte aux espaces et à ce qu'ils rendent possible, les œuvres ont des dimensions allant de l'intime à la place publique. Elles se combinent telle la complexité des relations humaines, entre réalisations à l'atelier et production dans les espaces investis. On parle souvent de forme hybride, où l'œuvre semble parfois organique, tel un corps vivant en évolution.

Dans ce travail qui focalise son intérêt sur la notion d'altérité, Stéphanie Nava est sensible au langage, aux mots utilisés pour nommer les choses, les lieux et les êtres. Ils peuvent être le point de départ. De même le titre des œuvres est souvent choisi comme un des chemins de compréhension du processus de connexions multiples entre les personnes, les lieux, les espaces. 

Stéphanie Nava, née en 1973, vit à Marseille et Paris. Elle enseigne à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La Villette. Elle a été lauréate de la Villa Medicis Hors les murs en 2005 à Londres, où elle a développé le projet Considering a Plot (Dig for Victory), entre autres montré au musée d'art contemporain de Détroit en 2011. L'actualité de son travail est importante, avec plusieurs expositions personnelles : Frontaliers des rives - riverains des frontières à Moly Sabata - Fondation Albert Gleizes, Sablons (Isère) et au Musée des Mariniers à Serrières (Ardèche) (jusqu'au 29 juillet), Le logis des projections au Parvis - centre d'art contemporain de Pau (jusqu'au 29 septembre).

Son travail est visible sur la plateforme documentaire Documents d'artistes : www.documentsdartistes.org/nava
Elle est représentée par la galerie Ricardo Crespi, Milan www.ricardocrespi.com, la galerie White Project, Paris : www.whiteproject.fr


Olivier NOTTELLET

Repères artistiques

Et tout le tremblement

« Les corps se frôlent avec un bruit de feuilles sèches. Les muqueuses elles-mêmes s’en ressentent. Un baiser rend un son indescriptible. Ceux qui se mêlent encore de copuler n’y arrivent pas. Mais ils ne veulent pas l’admettre. »
Samuel Beckett, Le Dépeupleur, 1970.
Le monde est un cylindre. Le corps est une arène. Mais on ne veut pas l’admettre. Dans Le Dépeupleur, Samuel Beckett décrit avec précision cet endroit peuplé d’humains gesticulants en pure perte. Il s’agit d’un cylindre de cinquante mètres de pourtour à l’intérieur duquel oscillent la température et la lumière. Une caverne à ciel ouvert. Un lieu de séjour où des corps se cherchent en vain et tentent de fuir, en vain.

Olivier Nottellet crée depuis quelques années un monde de cet ordre (peuplé de dépeuplés, vivotant, beckettien). Ses dessins et ses installations forment un vaste cylindre, une carrière, un creuset où couve la catastrophe. Le péril menace. C’est frappant. Sidérant. Ça a lieu. Ça va venir. C’est imminent.

Et puis non. Le prochain dessin contredit le précédent, il l’empêche d’être le dernier. Des milliers d’encres sur papier cohabitent désormais, elles forment une arche. Des étais de bois sont apparus ça et là. Des remblais, des murs de soutènement. La réserve blanche irradie les décombres. L’accumulation des dessins crée l’œuvre, comme le déséquilibre crée la marche.

On peut se demander : quel était le danger, pourquoi cela menace-t-il de s’effondrer de nouveau, c’est quoi le péril ? On peut se dire : par quel concours de circonstances, jusqu’où ça va… comment ça tient encore ? Les installations et les dessins d’Olivier Nottellet attestent d’un ordre instable. C’est leur côté grande leçon. On reste interdits, témoins d’une fable où tous sont frappés, les hommes, les animaux, les objets. On rit de leurs tourments – la mécanique burlesque fonctionne à plein. On s’interroge quant à leur opiniâtreté. Pourquoi ces êtres se malmènent-ils de la sorte ? Pour de rire ?

Parfois, il est question du travail, du monde du travail, de son organisation. Il est aussi question de justice, de tribunal populaire, de visite médicale, de mise au placard, d’écart de salaire, de frustration, d’arbitraire. Cela nous concerne. On ne veut pas l’admettre.
Vincent Brocvielle

Olivier Nottellet, né en 1963, vit à Lyon où il enseigne à l'Ecole nationale supérieure d'art. En 2011, il a participé à l'exposition Le terrain vague au Musée Régional d'Art Contemporain de Languedoc Roussillon, présenté Mur porteur à la Galerie Martine et Thibault de la Châtre et réalisé Behind nothing, pochette de l'album de Michel Guillet. En 2012, il a contribué à  l'exposition Bruit du dessin à la Villa du Parc, centre d'art d'Annemasse et participera à partir du 8 septembre à la 30ème Biennale de Sao Paulo, Brésil.

Son travail peut être consulté sur son site personnel : www.oliviernottellet.com  Il est représenté par la galerie Martine et Thibault de la Châtre, Paris : www.lachatregalerie.com


David RENAUD

Repères artistiques
David Renaud s'intéresse aux domaines de la géographie et de ses modes de représentation, qu'il s'agisse des étendues terrestres ou spatiales. Utilisant des médiums divers comme la peinture, la maquette, la sculpture, la vidéo, il adopte une position médiane entre la rigueur du scientifique menant des expériences et la fantaisie que procure une pratique proche de la science-fiction. Ce mélange des genres se retrouve dans le sentiment éprouvé par les spectateurs de ses œuvres, entre étrangeté et fascination pour l'inconnu. Il faut dire que David Renaud cherche à leur donner une expérience à la fois physique et psychologique des œuvres.

La forme de la carte et l'activité de cartographie du territoire, de topographie reviennent fréquemment, qu'il s'agisse de la montagne Everest ou du cosmos. L'idée d'une utopie est toujours présente ; repousser les limites des espaces connus, parvenir à les représenter pour se les approprier mentalement. Et comme toute utopie, celle travaillée par David Renaud contient cette dimension irréalisable, celle d'un horizon vers lequel on tend toujours, que l'on atteint jamais. Dans ce jeu très sérieux, le temps, les distances et les dimensions semblent paradoxalement absents. Le visiteur semble flotter dans un moment, un espace indécis. Est-on en présence d'un réel ou d'un ensemble fictif ?

Le travail développé précédemment par David Renaud sur le camouflage indique cette volonté de mettre en balance ce qui est montré et ce qui est dissimulé. Les œuvres sont-elles une représentation d'un phénomène possible ou n'est-ce qu'une chose rêvée, une farce qui a toutes les apparences du vrai, du plausible ? Les limites ne sont décidément plus ce qu'elles étaient...

David Renaud, né en 1965, est enseignant à l'Ecole nationale supérieure d'art de Lyon. Il vit et travaille à Paris. L'horizon absolu au FRAC Poitou-Charentes à Angoulême en 2011 et Les nouveaux explorateurs à la Crypte Ste Eugénie à Biarritz en 2012, figurent parmi ses dernières expositions personnelles et collectives. Table relief - Col de Larche - Maddalena, une œuvre pérenne produite dans le cadre d'une commande publique, vient d'être inaugurée au Col de Larche, un projet Viapac - Route de l'art contemporain et Conseil général des Alpes de Haute-Provence.

David Renaud est représenté par la galerie Anne Barrault, Paris : www.galerieannebarrault.com/


Michaël SELLAM

Repères artistiques
Né au milieu de la décennie 1970, Michaël Sellam a construit son parcours en parallèle du développement de l'informatique, de l'électronique et de leurs applications de plus en plus nombreuses. Il intègre cette "nouvelle" donne, aujourd'hui centrale, et s'appuie constamment sur la musique et ces technologies, deux champs pour lesquels il développe un intérêt et une pratique personnelle.

Mélangeant à dessein l'apport des cultures savantes et populaires, il produit des projets qui, d'une certaine manière, rendent compte de la réalité chaotique de notre époque, du déséquilibre permanent qui nous laisse souvent sans assurance vis à vis de problèmes sans cesse plus complexes. Michaël Sellam prend acte du monde tel qu'il est, mais il ne s'agit pas de le faire avec cynisme ou désinvolture. Si la science-fiction, la catastrophe, l'influence des apports de la science sur l'homme font partie de ses références, il ancre également son travail dans les pratiques passées ou quotidiennes : les formes archéologiques, les contre-cultures, l'appropriation du savoir par des amateurs, des non-spécialistes.

Il développe ainsi l'idée que tout dispositif, aussi sophistiqué soit-il, contient ses propres failles et peut être métamorphosé par ses utilisateurs. Il n'y a donc pas de fatalité mais des usages qui toujours déjouent les prévisions. Les "objets" - physiques ou immatériels - qu'il met en scène sont rarement purs ; il leur fait subir des modifications, des ajouts, des distorsions pour les emmener ailleurs. Partant du principe que toute forme amplifiée est désormais hybride, ses œuvres utilisent aussi bien la sculpture, le son, la vidéo, l'interactivité des machines. Elles oscillent entre la brutalité du monde réel et la métaphore d'un espace-temps fictif.

Dans ce contexte, la matière sonore, aussi bien musicale que concrète, est un matériau exploré pour ses particularités (un son spécifique, une pratique musicale déterminée) autant que pour son universalité (notre relation permanente à la musique, à notre environnement sonore, etc.).

Michaël Sellam est né en 1975. Il vit et travaille à Paris. Artiste invité en résidence pour deux ans (2009-2010) à l'École Régionale des Beaux-Arts de Nantes, il a présenté les expositions personnelles suivantes en 2010 et 2011 : Pandemonium à la galerie 22,48m2 à Paris, Mothership Union à l'Ensa Nantes et Secretions à l'Esad d'Amiens. En 2011 il réalise Shake, Baby, Shake, dans le cadre de la procédure du 1% artistique pour la salle de concert de La fabrique à Nantes. Il vient d'achever une résidence à La Box - Ecole nationale supérieure d'art de Bourges.

Le travail de Michaël Sellam peut être consulté sur son site personnel :  www.michaelsellam.com